AUTRES BACTÉRIES DES MORSURES
Les bactéries citées ici sont présentes dans la flore buccale des animaux et peuvent être trouvées dans des plaies ou lors de septicémies consécutives à des morsures. Ce sont des petits bacilles à Gram négatif, immobiles, donnant des colonies petites qui se développent lentement sur gélose au sang ou gélose chocolat incubées dans une atmosphère enrichie en CO^.
N’étant pas encore classés de façon précise, ces bacilles sont désignés par le CDC d’Atlanta comme : Groupe EF 4 (eugonic fermenter) ; Groupe M 5 ; Groupe II ; (apparenté aux Flavobacterium) et Groupe DF 2 (dysgonic fermenter, aujourd’hui classée comme Capnocytophaga canimorsus). Les caractères permettant de les distinguer de P. multocida sont présentés dans le tableau ci-dessous.
STREPTOBACILLUS MONILIFORMIS
Cette bactérie n’a aucune parenté taxonomique avec les Pasteurella. C’est parce que l’infection est généralement consécutive à une morsure que nous la situons ici.
I – CARACTÈRES BACTÉRIOLOGIQUES :
Bacille à Gram négatif, formant des filaments longs et flexueux, mais donnant aussi des formes coccobacillaires. Dans les cultures âgées de quelques jours la coloration de Gram peut être positive.
La culture se fait en aéro-anaérobiose, elle est favorisée par une atmosphère enrichie en CO2. Ce germe nécessite du sang, du sérum ou de l’ascite. Les colonies se développent en 2 à 5 jours.
Le sodium polyéthanol sulfate (S.P.S), anticoagulant utilisé dans les flacons d’hémoculture, a un effet inhibiteur. Il faut en cas de suspicion d’infection à S. moniliformis utiliser des flacons d’hémoculture contenant du citrate comme anticoagulant.
II – HABITAT :
Commensal de la cavité buccale des rongeurs.
III – POUVOIR PATHOGÈNE :
– Septicémie survenant 3 à 5 jours après une morsure de rat. Les épanchements articulaires sont fréquents et permettent l’isolement du germe. Ces septicémies peuvent se compliquer d’endocardites, de péricardites, d’abcès cérébraux.
– Les déjections de rongeurs peuvent être contaminantes et des infections non précédées de morsure ont été décrites.
IV – SENSIBILITÉ AUX ANTIBIOTIQUES :
S. moniliformis est sensible à la plupart des antibiotiques y compris la pénicilline G à laquelle ce germe est très sensible.
CARACTÈRES PHÉNOTYPIQUES DES BACILLES À GRAM NÉGATIF ISOLES DE MORSURES
Caractères communs
Bacilles à Gram négatif, immobiles, oxydase positive, catalase positive, se développant sur gélose au sang en donnant des petites colonies, ne se développant pas ou mal sur gélose de Mac Conkey. La LDC est négative.
MALADIE DES GRIFFES DU CHAT :
Le bacille de la maladie des griffes du chat a été décrit en 1988 et classé dans le genre Afipia (du sigle AFIP pour Armed Forces Institute of Pathology de Washington DC, USA où la première souche a été isolée). Il s’agit de bacilles à Gram négatif, oxydase positive, mobiles, cultivant sur gélose BCYE (voir Legionella) et en bouillon nutritif à 25 et 30°C, mais pas sur Mac Conkey. Les colonies sont grisâtres, brillantes, convexes, à bords nets. Le caractère uréase est positif, mais l’hémolyse, la production d’indole, de SH2, l’hydrolyse de la gélatine et de l’esculine sont négatifs; il n’y a pas d’oxydation du glucose, lactose, maltose et saccharose.
L’espèce Afipia felis est responsable de la maladie des griffes du chat et a été isolée d’un ganglion de sujet atteint. A. felis est résistant à de nombreux antibiotiques et est sensible aux aminoglycosides, à l’imipénème et au ceftriaxone. Les autres espèces du genre, A. clevelandensis, A. broomae et A. genospecies 1,2 et 3 ne sont pas associées avec la maladie des griffes du chat et ont été isolés de plaies, crachat, liquide synovial, liquide pleural, liquide de lavage bronchique et de l’eau.