CARDIOBACTERIUM HOMINIS
HISTORIQUE :
Slotnick et Dougherthy ont proposé en 1964 le nom de C. hominis pour désigner des bacilles à Gram négatif, polymorphes, de culture lente, placés initialement dans le groupe II-D (bactéries apparentées aux Pasteurella), responsables exclusivement d’endocardites. Il n’existe aucune parenté andgénique avec Brucella, Streptobacillus, Pasteurella et Haenwphilus.
I – HABITAT ET ÉPIDÉMIOLOGIE :
C. hominis fait partie de la flore normale des voies respiratoires supérieures et est présent dans le nez et le pharynx. Il est plus rarement présent au niveau du vagin. ‘
II – POUVOIR PATHOGÈNE NATUREL :
Cette espèce bactérienne est responsable exclusivement d’endocardites.
C. hominis est une espèce peu virulente. L’endocardite survient lors de bactériémie à point de départ oro-pharyngé et greffe sur des lésions préexistantes.
III – DIAGNOSTIC BACTÉRIOLOGIQUE :
Le prélèvement est uniquement représenté par l’hémoculture qui est le seul moyen de diagnostic de l’endocardite à C. hominis. La culture positive est habituellement décelable après 1 à 7 jours d’incubation à 37°C (moyenne 4 jours) ; l’incubation doit être prolongée 2 à 3 semaines.
La culture se manifeste par un dépôt floconneux discret sans modification de la limpidité du milieu liquide.
IV – EXAMEN DIRECT – MORPHOLOGIE :
C. hominis est un bacille droit, à extrémités arrondies, parfois renflées, de 0,5-0,7 x 1-3 µm polymorphe, avec des formes longues de 10-20 µm ; les bactéries sont isolées, par paires, en courtes chaînes ou groupées en rosette, en paquets d’épingles.
C’est un bacille à Gram négatif (avec la particularité de retenir le colorant dans sa partie médiane ou à l’extrémité renflée), immobile, non capsulé, non sporulé.
V – CULTURE – CARACTÈRES D’IDENTIFICATION :
C. hominis fait partie du groupe aéro-anaérobie facultatif ; certaines souches ont besoin de CO2 (3 à 5 % de CO2) à l’isolement.
En aérobiose, les souches ont besoin d’humidité. La croissance est obtenue à 30-37°C.
Les milieux doivent contenir de l’hémine, gélose au sang (lapin, mouton, cheval), gélose chocolat ; il n’y a pas de culture sur milieu ordinaire. En 48 heures, les colonies sont petites, 1-2 mm, lisses, circulaires, convexes, à bords nets, opaques, non hémolytiques.
Les bactéries possèdent un métabolisme fermentatif acidifiant divers sucres (glucose, fructose, saccharose…) sans production de gaz.
Les principales réactions biochimiques sont : oxydase (+), catalase (-), absence de réduction des nitrates en nitrites, ODC (-), urée (-), production d’indole en faible quantité recherchée après extraction par le xylène. Les éléments du diagnostic différentiel sont présentés dans le tableau.
VI – TRAITEMENT ET PROPHYLAXIE :
C. hominis est sensible aux antibiotiques habituellement utilisés en association pour le traitement des endocardites. La prophylaxie est celle de l’endocardite bactérienne, en particulier une bonne hygiène bucco-dentaire.
CAPNOCYTOPHAGA
Trois espèces, C. ochracea, C. gingivalis et C. sputigena appartiennent classiquement à ce genre : ce sont des bacilles fùsiformes à Gram négatif, cultivant en anaérobiose ou en aérobiose en présence de 5-10 % de CO2 (d’où le nom : cellule qui mange du gaz carbonique), fermentant le glucose, donnant des colonies pigmentées en jaune-orange qui ont la particularité de s’étaler et de glisser à la surface de la gélose.
La position taxonomique de ce genre n’est pas définitivement établie. Il est présenté ici en raison de ses similitudes d’habitat et de ses circonstances d’isolement. C. canimorsus, antérieurement désignée comme DF-2, a été rattachée au genre Capnocytophaga. C. cynodegmi désigne des souches qui en sont proches.
I – HABITAT ET ÉPIDÉMIOLOGIE :
Ces bactéries font partie de la flore buccale et ont été isolées au niveau de la surface gingivale, de la poche péridentaire, du pharynx, de la salive.
C. canimorsus est un commensal de la cavité buccale du chien et du chat.
L’infection humaine est généralement consécutive à une morsure.
II – POUVOIR PATHOGÈNE :
La reconnaissance de Capnocytophaga en tant que bactérie pathogène pour l’homme est récente. Elle a été isolée dans des circonstances particulières.
A – Pathologie dentaire :
Bien que normalement présente au niveau de la bouche et de la poche péridentaire de sujets sains, Capnocytophaga semble responsable de certaines formes de périodontites.
B – Infections systémiques :
Elles sont observées chez des patients atteints de maladie hématologique avec granulopénie. Elles ont aussi été observées chez des sujets ne présentant pas de modification des défenses.
C – Infections diverses :
Isolée ou accompagnant des bactéries de la flore bucco-pharyngée, Capnocytophaga est responsable d’infections variées : empyème, sinusite, conjonctivite, ostéomyélite…
III – PHYSIOPATHOLOGIE . FACTEUR DE VIRULENCE :
Chez le sujet immunodéprimé, les lésions buccales ou gengivales (gengivites, ulcérations), toujours présentes lors de septicémie, sont le point de départ de l’infection. Dans les autres cas, la présence simultanée de bactéries de la flore bucco-pharyngée atteste de l’origine de l’infection par Capnocytophaga.
Des différences de virulence entre les espèces ont été observées dans les études expérimentales de la périodontite chez l’animal.
Le phénomène de glissement observé in vitro à la surface de la gélose pourrait jouer un rôle in vivo dans l’infection de la poche péridentaire. De plus une substance soluble d’origine bactérienne modifie l’activité des leucocytes.
IV – DIAGNOSTIC BACTÉRIOLOGIQUE :
A – Produits pathologiques :
Les produits pathologiques sont variés et les prélèvements réalisés selon les localisations de l’infection ; l’hémoculture reste le prélèvement le plus important.
B – Examen direct :
Les bactéries du genre Capnocytophaga sont des bacilles fins, allongés (0,4-0,6 x 2,5-6 u.m), fusiformes, avec parfois une extrémité effilée et l’autre arrondie. Ces bacilles à Gram négatif sont non flagellés, non sporulés, non capsulés.
C – Caractères culturaux et d’identification :
Capnocytophaga est un genre anaérobie facultatif qui pousse en anaérobiose, en aérobiose en présence de 5-10 % de CO2, mais pas en atmosphère ordinaire. La température doit être comprise entre 30 et 37°C. Les milieux de culture sont des milieux enrichis, gélose au sang (qui n’est pas indispensable), gélose chocolat, ou des milieux contenant des sucres. Certaines souches ont été isolées sur Milieu de Thayer et Martin.
Les colonies ont un aspect particulier dû à un étalement par glissement à la surface du milieu gélose. Ce phénomène de mobilité par glissement, qui conduit Capnocytophaga à entourer et entraîner des colonies déjà présentes sur le milieu est net sur gélose au sang de mouton en anaérobiose ; il est optimum avec un milieu à 3 % d’agar.
Les colonies sont plates, de 2-3 mm en 48 heures, les bords sont irréguliers et s’étalent dans plusieurs directions. Sur gélose au sang, les colonies ont une teinte rosé ou jaune ; la masse bactérienne est de couleur jaune après prélèvement par raclage.
Certaines souches ont des colonies qui creusent la gélose, d’autres qui adhèrent au milieu gélose.
En milieu liquide, bouillon nutritif contenant des sucres, la culture se traduit par un trouble homogène du milieu et une culture fine en grains ou en pellicule adhérente à la surface du verre.
Les caractères biochimiques sont : oxydase (-), catalase (-), fermentation du glucose et du saccharose, test à l’ONPG (+), indole (-), LDC (-), ODC (-). Les espèces se différencient par les fermentations sucrées et la réduction des nitrates.
V – TRAITEMENT ET PROPHYLAXIE :
Les espèces du genre Capnocytophaga sont habituellement sensibles aux bêtalactamines (pénicillines en particulier), tétracyclines, chloramphénicol, macrolides, lincosamines, rifampicine et quinolones ; les aminoglycosides, la vancomycine, la colistine et le métronidazole sont inactifs.
EIKENELLA CORRODENS
E. corrodens, seule espèce du genre Eikenella, correspond à des petits bacilles à Gram négatif, de culture lente et difficile, favorisée par l’hémine et le CO2, ne fermentant pas le glucose. Cette espèce, groupe HB-1 de King et Tatum, aéro-anaérobie facultative est séparée de Bacteroïdes corrodens, devenue B. ureolyticus anaérobie strict.
I – HABITAT ET ÉPIDÉMIOLOGIE :
E. corrodens est présent au niveau des surfaces muqueuses, bouche, voies respiratoires supérieures, au niveau de la plaque dentaire et dans l’intestin.
II – POUVOIR PATHOGÈNE :
Une meilleure connaissance de cette espèce a permis son isolement dans de nombreuses situations pathogènes seule ou associée à d’autres espèces bactériennes.
A – Infections localisées :
E. corrodens est responsable de la formation d’abcès en relation avec une contamination à partir des muqueuses. Parmi les principales localisations, il faut mentionner :
– les abcès du cerveau et l’empyème sous-dural lors de sinusite et d’abcès dentaire en association avec un streptocoque ;
– les infections pleuro-pulmonaires en association avec différentes bactéries ;
– les infections dentaires de type périodontite ;
– les infections cutanées après morsure, ou au niveau de la main lors de coup de poing dans la bouche, blessure par les dents et contamination par les bactéries de la cavité buccale, l’infection est localisée à la peau et au tissu sous-cutané, à l’articulation ou à l’os.
B – Bactériémies et endocardites :
E. corrodens est responsable d’endocardite. Après avulsion dentaire, les bactériémies sont fréquentes mais habituellement sans manifestations ni conséquences cliniques.
III – PHYSIOPATHOLOGIE – FACTEURS DE VIRULENCE :
E. corrodens est le plus souvent responsable d’infections d’évolution lente, indolentes. Les différentes localisations sont en rapport avec une contamination à partir des muqueuses après une lésion ou un traumatisme. Sa virulence est faible, aucune production de toxine n’a été mise en évidence et si dans certains cas (endocardite, méningite, ostéomyélite) la bactérie est isolée seule, dans la majorité des cas d’abcès et de suppurations E. corrodens est associée avec une autre espèce bactérienne (streptocoque) et les deux espèces agissent en synergie.
IV – DIAGNOSTIC BACTÉRIOLOGIQUE :
A – Produits pathologiques :
E. corrodens peut être isolée de nombreux produits pathologiques : abcès, plaie, liquide articulaire, hémoculture, mais aussi expectoration, prélèvement pharyngé, buccal, gingival. La mise en culture est réalisée sur gélose au sang, ou chocolat qui peut être rendue sélective par addition de clindamycine.
B – Examen microscopique :
La bactérie est un petit bacille (0,2-0,5 x 1 -4 (J.m) à Gram négatif, coccobacillaire, à bords réguliers et extrémités arrondies, non capsulé, non sporulé, immobile, formant parfois des filaments.
C – Culture – Caractères d’identification :
Aéro-anaérobie facultatif, E. corrodens a besoin d’hémine (25 mg/1) en aérobiose et une teneur de 5-10 % de CO2 favorise la croissance. La culture est réalisée sur gélose au sang ou gélose chocolat à 37°C ; les colonies provoquent un verdissement de ces milieux. L’humidité est favorable à la culture. Après 18 heures d’incubation les colonies sont très petites (0,5 mm) et seront mieux visibles (1 mm) en prolongeant l’incubation. Il convient d’examiner soigneusement la surface des milieux lorsque une espèce à croissance rapide est présente. L’utilisation d’un milieu sélectif (clindamycine : 5 mg/1) facilite l’isolement à partir des prélèvements d’origine broncho-pulmonaire.
Un aspect caractéristique (partagé avec d’autres espèces comme A. actinomycetemcomitans, Capnocytophaga, C. hominis) est l’érosion, le creusement de la surface de la gélose. Ce phénomène, décelé par observation en lumière oblique n’est pas constant et une même souche peut avoir des variants sans érosion (colonies translucides, lisses, bombées) ; l’érosion est parfois mieux visible en enlevant les colonies.
Après 48 heures, la colonie typique de E. corrodens sur gélose au sang comprend trois zones : une zone centrale claire brillante, une zone circulaire perlée, mouchetée, très réfringente comme de multiples gouttelettes de mercure, une zone périphérique non réfringente de croissance active.
Selon les conditions d’observation, les colonies peuvent aussi ressembler à un oeil de boeuf ou à une punaise incrustée dans la gélose, ou ne pas être vues car confondues avec des zones de dessication de liquide de condensation (parfois aspect en plus grand de colonies de Campylobacter).
Ces caractères sont moins nets sur gélose chocolat et varient selon les conditions d’incubation.
Les colonies, bien qu’apparaissent grises ou translucides, possèdent un pigment jaune plus visible après incubation prolongée ou en réunissant plusieurs colonies.
En milieu liquide, bouillon glucose, thioglycolate, la culture de E. corrodens se manifeste par des formations granuleuses ou floconneuses adhérentes aux parois du tube, plus ou moins renforcée en zone microaérophile. Cette particularité est aussi fréquente avec A. actinomycetemcomitans et H. aphrophilus.
Les principaux caractères d’identification sont : oxydase (+), catalase (-), indole (-), réduction des nitrates en nitrites, LDC (+), ODC (+), uréase (-).
V – TRAITEMENT ET PROPHYLAXIE :
E. corrodens est sensible à de nombreux antibiotiques : pénicillines et céphalosporines (troisième génération), chloramphénicol, tétracyclines, rifampicine, mais il est résistant ou peu sensible aux céphalosporines de 1e génération, à la méthicilline, aux aminoglycosides, à la lincomycine (et clindamycine) et au métronidazole.
ACTINOBACILLUS ACTINOMYCETEMCOMITANS
Cette espèce a été décrite par Klinger en 1912 sous le nom de Bacterium actinomycetemcomitans après son isolement dans des lésions d’actinomycose (d’où son nom : qui accompagne un actinomycète). Elle fait partie du genre Actinobacillus aux côtés d’espèces pathogènes pour l’animal.
I – HABITAT ET ÉPIDÉMIOLOGIE :
A. actinomycetemcomitans fait partie de la flore buccale normale et est présent au niveau de la plaque dentaire ; les infections par cette bactérie sont des infections endogènes, en général à point de départ bucco-dentaire.
II – POUVOIR PATHOGÈNE NATUREL :
A. actinomycetemcomitans a été isolé de lésion d’actinomycose associé avec Actinomyces israelii ; il semble capable de maintenir la persistance de lésions de type actinomycose en absence d’Actinomyces, mais ce rôle n’est pas parfaitement éclairci.
A. actinomycetemcomitans est responsable d’infections des tissus mous évoquant parfois une actinomycose, d’endocardites, d’abcès. Cette bactérie est aussi impliquée dans la pathologie bucco-dentaire, en particulier dans la périodontite de l’adulte et de l’enfant.
III – DIAGNOSTIC BACTÉRIOLOGIQUE :
A – Produits pathologiques :
L’hémoculture est l’examen essentiel lors d’endocardite. La culture est décelable à partir du 3e jour d’incubation et se manifeste sous forme de granules se déposant au fond du flacon, à la surface du sang sédimenté et adhérant à la paroi du flacon.
Les autres prélèvements sont fonction de la localisation (abcès du cerveau, abcès des tissus mous, joue, face avec A. israelii, otite, sinusite, broncho-pneumonie, abcès dentaire) mais l’isolement peut être difficile en raison de la flore associée.
B – Examen direct – morphologie :
A. actinomycetemcomitans est une petite bactérie à Gram négatif, immobile, non sporulée, non capsulée, de forme coccoïde ou coccobacillaire. La forme bacillaire peut être observée après plusieurs subcultures. Les bactéries sont isolées, par paires ou accolées, rarement en chaînes. La coloration peut être irrégulière.
C – Culture – Caractères d’identification :
La culture est réalisée à 35-37°C en atmosphère enrichie en CO2. Il n’y a pas d’exigence en X et V ; les milieux de culture sont la gélose au sang et la gélose chocolat.
Sur gélose, après 24 heures d’incubation, les colonies sont petites d’un diamètre de 0,5 mm mais atteignant 2-3 mm en 5-7 jours. Les colonies sont lisses, légèrement en dôme, translucides, avec une surface ridée. Après quelques jours d’incubation les colonies présentent un centre opaque et prennent l’aspect d’une étoile à 4 ou 6 branches laissant leur empreinte sur la gélose lorsque la colonie est enlevée.
Les colonies sont adhérentes à la surface du milieu et sont difficiles à prélever et à dissocier.
En milieu liquide, bouillon glucose, thioglycolate, la bactérie forme des granules qui adhèrent à la surface du tube, le liquide restant clair. Ces colonies sont difficiles à prélever et à dissocier.
Les principaux caractères biochimiques sont : oxydase (-) (sauf quelques souches), catalase (+), réduction des nitrates en nitrites, ODC (-), urée (-) (les autres espèces d’Actinobacillus possèdent une uréase), indole (-), fermentation du glucose mais pas du lactose et du saccharose.
D – Classification :
Pulverer et Ko ont décrit huit biotypes basés sur la fermentation du xylose, du mannitol et du galactose.
E – Autres espèces d’Actinobacillus :
A. lignieresii, A. equuli, A. suis, A. capsulatus sont des espèces rencontrées chez l’animal, normalement présentes dans l’appareil respiratoire, le tube digestif ou l’appareil génital et responsables d’affections variées chez diverses espèces animales.
F – Traitement :
A. actinomycetemcomitans est sensible à l’ampicilline, à la tétracycline, au chloramphénicol…
CALYMMATOBACTERIUM GRANULOMATIS
Cette bactérie de culture très difficile est la seule espèce du genre Calymmatobacterium.
Elle a été mise en évidence par Donovan en 1905 sous forme d’inclusion dans des cellules mononuclées présentes au niveau d’ulcères génitaux ou « granulome inguinal » (décrit en Inde en 1882).
I – ÉPIDÉMIOLOGIE ET POUVOIR PATHOGÈNE :
C. granulomatis est une bactérie pathogène uniquement pour l’homme. Son habitat est mal connu et l’épidémiologie de la maladie est mal comprise. Elle est responsable du « granulome inguinal », « Donovanose » ou « granulome ulcéreux des organes génitaux ». C’est une affection observée dans les pays à climat chaud et humide sur des sujets à peau colorée. Les localisations sont similaires à celles du chancre mou. Les lésions débutent par une papule ou un nodule qui évoluent en ulcérations chroniques, indurées, formées de tissus granulomateux hypertrophiques d’aspect velouté au niveau des muqueuses génitales, sans adénopathie. Les ulcérations persistent pendant des mois et les lésions s’étendent par voie lymphatique à la région inguinale. Il existe des localisations extra-génitales de cette affection qui, pour certains, ne serait pas uniquement une maladie sexuellement transmissible.
II – PHYSIOPATHOLOGIE :
Les connaissances sur la physiopathologie et les facteurs de virulence de cette bactérie sont très limitées. Il existe une parenté morphologique et antigénique avec Klebsiella.
III – DIAGNOSTIC BACTÉRIOLOGIQUE :
A – Les produits pathologiques :
Le prélèvement est réalisé au niveau de l’ulcération en tissu granulomateux par biopsie et empreintes.
B – Examen direct :
La bactérie est un bacille immobile, polymorphe, capsulé, à Gram négatif, à coloration bipolaire. L’examen microscopique est le seul élément du diagnostic. Les empreintes et frottis tissulaires sont colorés par la coloration de Giemsa ou de Wright ; le bacille prend mal les autres colorants et n’est pas acido-résistant.
Les bactéries sont isolées ou en amas dans le cytoplasme de grandes cellules mononuclées, constituant les « corps de Donovan ». Le plus souvent polymorphes, certaines bactéries ont un aspect caractéristique en épingle de sûreté fermée (dû à la coloration bipolaire).
C – Culture :
Les milieux ordinaires et les milieux enrichis habituels ne permettent pas la culture qui a été obtenue sur milieu contenant du jaune d’oeuf.
Il n’existe pas d’autres éléments bactériologiques que ceux réunis lors de l’examen microscopique et le diagnostic de la maladie repose sur l’aspect clinique des lésions.
IV – TRAITEMENT ET PROPHYLAXIE :
La bactérie est sensible à la tétracycline, au thiophénicol, à l’érythromycine, au co-trimoxazole, antibiotiques qui sont utilisés pour le traitement.