I – CLASSIFICATION ET DÉFINITION :
La famille des Enterobacteriaceae est constituée de genres bactériens qui sont rassemblés en raison de leurs caractères bactériologiques communs.
– Ce sont des bacilles à Gram négatif dont les dimensions varient de 1 à 6 [im de long et 0,3 à 1 µm de large ;
– Mobiles par une ciliature péritriche ou immobiles ;
– Se développant en aéro-anaérobiose et sur gélose nutritive ordinaire ;
– Acidifiant le glucose par voie fermentative (à la différence des Pseudomonas) avec souvent production de gaz ;
– Ne possédant pas d’oxydase ( à la différence des Vibno et Pasteurella) ;
– Réduisant les nitrates en nitrites.
Les Enterobacteriaceae ont un G + C % du DNA compris entre 38 et 60 mol %.
Les travaux de taxonomie génétique basés sur l’hybridation de DNA ont entraîné la distinction récente de nouveaux genres et de nouvelles espèces dont beaucoup n’ont pas de pouvoir pathogène défini.
Voici les genres décrits dans la famille des Enterobacteriaceae : Buttiauxella, Cedecea, Citrobacter, Edwardsiella, Enterobacter, Erwinia, Escherichia, Ewingella, Hafnia, Klebsiella, Kluyvera, Moellerella, Koserella, Leclercia, Morganella, Obesumbactenum, Proteus, Providencia, Rahnella, Salmonella, Serratia, Shigella, Tatumella, Xenorhabdus, Yersinia, Yokenella.
Seuls les genres et les espèces qui ont un intérêt médical reconnu seront envisagés plus loin. Une centaine d’espèces d’Enterobactenaceae sont individualisées, mais 23 d’entre elles représentent 99 % des souches isolées en clinique.
II – HABITAT ET POUVOIR PATHOGÈNE :
Parmi les nombreuses espèces d’Enterobacteriaceae certaines sont trouvées dans l’environnement, d’autres chez les végétaux ou les animaux. Il en est qui ont un pouvoir phyto-pathogène. Parmi les espèces qui peuvent être isolées chez l’homme, certaines (Shigell) sont constamment pathogènes. D’autres espèces se comportent comme des bactéries pathogènes opportunistes responsables d’infections chez des malades fragilisés. Leur identification est une part importante du travail du laboratoire de bactériologie.
III – CARACTÈRES CULTURAUX :
Les Enterobacteriaceae se développent bien dans un bouillon ou sur une gélose ordinaire incubés 18 heures à 37°C.
– Les formes S (smooth) sont l’aspect habituel au sortir de l’organisme.
Les colonies sont lisses, bombées, brillantes et humides, elles ont 2 à 4 mm de diamètre.
Le bouillon est trouble de façon homogène.
– Les formes R (rough) s’observent surtout avec des souches ayant subi plusieurs repiquages.
Les colonies sont rugueuses, sèches, à contours irréguliers et de teinte mate.
En bouillon, les formes R donnent un aspect grumeleux.
– Les colonies muqueuses sont habituelles avec les Klebsiella. Leur diamètre peut dépasser 10 mm ; elles ont une tendance à la confluence. On peut les rencontrer aussi avec d’autres espèces, notamment Salmonella paratyphi B.
– Les colonies naines s’observent avec des souches déficientes dans certaines de leurs chaînes métaboliques. Elles ne sont pas exceptionnelles chez les Escherichia coli isolés d’infections urinaires.
IV – CARACTÈRES ANTIGÉNIQUES :
L’identification des Enterobacteriaceae se fait par l’étude des caractères biochimiques. La détermination du sérotype ne peut être entreprise que pour des souches dont l’identification est certaine. Toute autre façon de faire ne peut qu’entraîner des agglutinations croisées non spécifiques.
– Les antigènes 0
Ce sont des antigènes de paroi constitués de lipo-polysaccharides (LPS) qui sont thermostables et résistent à l’alcool ou à l’acide.
Les réactions d’agglutination où ils interviennent se produisent lentement, sont constituées d’agglutinats granulaires, difficilement dissociables par agitation.
La spécificité 0 est perdue par les souches R qui sont auto-agglutinables en eau distillée.
– Les antigènes H
Ce sont des antigènes flagellaires qui ne sont donc présents que chez les souches mobiles. Constitués d’une protéine, la flagelline, ils sont thermolabiles et inactivés par l’alcool.
Les réactions d’agglutination où ils interviennent se produisent rapidement, sont constituées d’agglutinats floconneux, facilement dissociables par agitation.
– Les antigènes K
Ces antigènes capsulaires sont généralement constitués d’une couche externe polysaccharidique. Parmi les antigènes K, se trouvent les antigènes L, A, B des E. coli et l’antigène Vi de certaines Salmonella ou Citrobacter. Ces antigènes rendent la souche qui les possède inagglutinable par les antisérums 0. Ils sont détruits par une ébullition de deux heures.
Les antigènes d’adhérence ou adhésines, de nature protéique, en relation avec la présence de pili sont classés parmi les antigènes K (K88, K99).
– Antigène Kunin
Cet antigène commun aux Enterobacteriaceae n’est pratiquement retrouvé que dans cette famille et a un intérêt taxonomique.
Des antisérums dirigés spécifiquement contre chacun des antigènes bactériens sont préparés en utilisant la méthode de l’absorption spécifique des anticorps de Castellani.
Des anticorps qui se sont fixés sur l’antigène bactérien correspondant forment des agglutinais. Après centrifugation, il ne reste plus dans le surnageant que les anticorps qui n’ont pas été en contact avec l’antigène.