SÉROTYPAGE D’UNE SOUCHE DE SALMONELLA :
Ce typage consiste à déterminer par agglutination sur lame les spécificités des antigènes 0 et H et à reconnaitre le sérotype en se référant au Tableau de Kauffmann-White. Le typage est effectué avec des Salmonella recueillies sur gélose ordinaire en pente (dont l’humidité permet un bon développement des antigènes H) et non sur milieu sélectif. L’absence d’auto-agglutination de la souche est à vérifier.
Typage simplifié
Environ 98 % des souches de Salmonella isolées chez l’homme appartiennent à des sérotypes reconnus par l’utilisation des sérums agglutinants qui suivent :
– sérum anti Vi
– sérums 0 : 4,5 – 9 – 6,7,8 – 3,10,15.
– sérums H : b – d – i – G – Ll.
Typage par la méthode classique
– Antigènes 0
Le premier temps est d’utiliser des sérums polyvalents 0 appelés OMA, OMB,OMC, etc.
Après agglutination dans l’un de ces sérums on teste les sérums monovalents correspondants pour déterminer le groupe du Tableau de Kauffmann-White auquel appartient la souche.
– Antigènes H
De la même façon on utilise des sérums polyvalents H appelés HMA, HMB, HMC etc. puis des sérums monovalents contenus dans le sérum polyvalent où une agglutination a été observée.
Pour l’inversion de phase par la méthode de Sven Gard, l’un des sérums dénommés SG 1 à 6 contenant les agglutinines correspondant à la phase déjà déterminée est ajouté à la gélose.
IDENTIFICATION PRATIQUE DE SALMONELLA TRÈS FRÉQUENTES :
1. Détermination du groupe 0 :
Les sérums mélanges sont souvent inutiles. L’utilisation de 3 sérums (04,5 – 06,7,8 – 09) permet de grouper plus de 90 % des Salmonella isolées en France.
2. Identification du sérotype Typhimurium 1,4, [5], 12 : i : 1,2 :
Dans le groupe B (04), le sérotype de loin le plus fréquent est Typhimurium.
– Détermination minimale (en période épidémique comme en ce moment) :
L’agglutination avec un sérum anti-H i est suffisante. En effet, les autres sérotypes ayant 04 et Hi (Lagos, Agama, Farsta, Tsevie, Gloucester) sont rarissimes.
– Détermination complète :
Après avoir identifié Hi, rechercher une deuxième phase agglutinant avec le mélange HI et le sérum monovalent H2. Il est souvent nécessaire d’immobiliser les bactéries ayant Hi par la méthode de Sven Gard pour faire « courir » celles qui ont Hl,2.
3. Identification des sérotypes Enteritidis 9,12 : gm : – et Dublin 9,12 : gp : –
Dans le groupe D (09), il est essentiel de distinguer Enteritidis de Dublin (les manifestations cliniques sont parfois très différentes).
Il est important de savoir que le sérum anti-H gm agglutine les deux sérotypes (g en commun), de même pour le sérum anti-H gp. On ne peut donc pas arrêter le diagnostic à la vue d’une agglutination en gm ou gp.
On peut faire l’économie d’un sérum mélange G (trop de coagglutinations, l’agglutination ne signifie pas qu’il y a un facteur g présent)
Utiliser systématiquement les sérums anti-H gm, anti H m, et anti-Hp p.
On aura les résultats suivants :
Sérums à posséder : 0 : 4,5 – 6.7,8 – 9 H : i – gm – m – p
Vi (essentiellement pour ne pas passer à côté d’un Typhi)
1) Fièvre typhoïde à la période d’état.
2) Fièvre paratyphoïde B à la période d’état : coagglutination TO due aux facteurs 0 communs (12)
3) Trois hypothèses au moins à envisager :
a) Fièvre typhoïde au début, vers le 8e jour ; les agglutinines 0 sont apparues, les agglutinines H ne le sont pas encore : un nouveau séro-diagnostic pratiqué quelques jours plus tard pourra les mettre en évidence.
b) Infection due à un sérotype de Salmonella ayant l’antigène 0 commun avec S. Typhi, mais un antigène H différent ; rechercher dans ce cas si la suspension H de S. Enteritidis (dans le groupe D, S. Enteritidis est un sérotype fréquent) n’est pas agglutinée.
c) Infection à Yersinia pseudotuberculosis (bacille de Malassez et Vignal), type IV : faire intradermoréaction.
4) Trois hypothèses au moins :
a) Paratyphoïde B au début avec coagglutination TO. Voir 3a.
b) Même raisonnement que 3b. Recherche d’agglutination de 5.
Typhimurium H.
c) Même raisonnement que 3c avec Y. pseudotuberculosis type II
5) Vacciné au TAB depuis plus de trois mois : les agglutinines 0 ont disparu, les agglutinines H persistent pendant de nombreuses années. Les agglutinines AH peuvent être absentes, le vaccin contenant moins de A que de T et B.
6) Vacciné au TAB faisant néanmoins une fièvre typhoïde à la suite d’une absorption massive de S. Typhi hautement virulentes.
7) Trois hypothèses au moins :
a) Ancien malade ayant fait une fièvre typhoïde et en ayant gardé la marque sérologique, comme s’il avait reçu un vaccin T seul.
b) Infection due à une Salmonella possédant l’antigène H : d commun avec S. Typhi, mais un antigène 0 différent de TABC : essayer d’isoler cette bactérie, en particulier par coproculture.
c) Fièvre typhoïde traitée précocement par chloramphénicol ou chloramphénicol + corticoïdes. Les agglutinines 0 peuvent ne pas apparaître. Si un nouveau séro-diagnostic montre une ascension nette des agglutinines TH, si les signes cliniques et hématologiques sont en faveur d’une fièvre typhoïde, cette ascension rend probable ce diagnostic. Mais on ne pourra l’affirmer, la même ascension pouvant s’observer dans l’hypothèse 7b.
RECOMMANDATIONS DU CENTRE NATIONAL DE RÉFÉRENCE DES SALMONELLA ET DES SHIGELLA :
I. Chaque isolement de Salmonella et de Shigella doit être signalé au Centre de Référence :
Son adresse :
Centre National de Référence des Salmonella et des Shigella
Unité des Entérobactéries
Institut Pasteur de Paris
28, rue du Docteur Roux
75724 PARIS Cedex 15
II. Plusieurs cas peuvent se présenter :
1 ) II s’agit d’une Salmonella ubiquitaire.
Elle ne présente pas de caractères anormaux : galerie d’identification typique, antibiogramme sans anomalies, diagnostic sérotypique sans problème.
Il ne s’agit pas d’une Salmonella appartenant aux sérotypes Typhi, Paratyphi A ou B.
Remplissez les feuilles d’accompagnement fournies par le Centre de Référence, et envoyez-les au Centre de Référence. Il est inutile de joindre la souche.
2) II s’agit d’une Salmonella appartenant aux sérotypes Typhi, Paratyphi A ou B.
La feuille d’accompagnement sera soigneusement remplie. Elle sera adressée avec la souche au Centre de Référence pour étude lysotypique.
3) II s’agit d’une Salmonella dont on ne peut mener à bien la sérotypie.
Remplir soigneusement la fiche d’accompagnement en signalant les agglutinations observées. Adresser la souche au Centre de Référence.
Les identifications des sérotypes de Salmonella (d’origine humaine) sont effectuées gratuitement à condition qu’une étude minimale ait été faite (agglutinations recherchées avec les sérums 0:4,5 – 0:9 – 0:6,7,8).
4) II s’agit d’une toxi-infection alimentaire collective ou d’une épidémie de crèche.
Remplir soigneusement la feuille de renseignements.
Éventuellement, la compléter sur une fiche manuscrite avec les notions d’intérêt épidémiologique que vous avez obtenues.
Ne pas omettre d’indiquer le nombre de cas observés.
Adresser la souche au Centre de Référence.
Si l’épidémie continue : après l’envoi initial, adresser régulièrement des feuilles de renseignements, en précisant « Continuation de l’épidémie – Pour information ».
Si les modifications apparaissent dans le comportement des souches, au moindre doute, adresser les souches qui semblent anormales, au Centre de Référence.
5) II s’agit d’une Shigella.
Vérifier l’absence de mobilité, la négativité de la LDC et du citrate de Christensen (diagnostic différentiel avec Aïkalescens-dispar).
S’il s’agit d’un cas isolé de Shigella sonnei, sans problème diagnostique, remplir une feuille et l’adresser SEULE, sans la souche, au Centre National : « Pour information, souche non adressée ».
S’il s’agit d’une épidémie à Sh. sonnei, adresser toutes les souches pour biotypie et lysotypie, avec une lettre d’accompagnement donnant toutes informations utiles.
S’il s’agit de Sh. dysenteriae, Sh.flexneri, Sh. boydii, il faut adresser la souche pour identification sérotypique précise.
III. Remarques :
1. Comment acheminer vos cultures.
Pas de boîtes de Pétri.
Pas de bouillon.
Seuls des milieux solides conviennent : gélose ordinaire inclinée en tube bouché à vis.
Ou mieux un tube de milieu pour conservation des souches bactériennes.
(Pasteur-Diagnostics, tube de 95 x 8). Envelopper le tube dont le bouchon est bloqué, dans du papier absorbant. Introduire l’ensemble dans un étui métallique, lui-même placé dans un second emballage en bois ou en plastique (Bulletin Officiel des P.T.T.)
2. Les données épidémiologiques sont stockées dans la banque de données, et utilisées à des fins d’information épidémiologique et de prophylaxie.
Il est important de remplir le plus complètement possible la fiche d’accompagnement, en mentionnant chaque fois l’origine géographique de la contamination. Exemples :
– Malade revenant de Calcutta, hospitalisé à Pont-1’Abbé.
– Malade habitant Le Touquet, hospitalisé à Arras.
– Souche isolée à Paris, de cuisses de grenouilles importées du Pakistan.
– Eau usée prélevée à Saumur et analysée à Angers.
NOTE SUR CITROBACTER :
I – DÉFINITION :
Ce genre rassemble trois espèces d’Enterohacteriaceae qui ont les caractères suivants : citrate (+), fermentation du glucose avec gaz, mobilité (+), test ONPG (+), réaction de VP négative et absence de LDC.
Il existe de nombreuses souches atypiques de Citrobacter. Celles qui sont ONPG négatif et produisent de l’H2S peuvent être confondues avec les Salmonella. Certaines souches peuvent être H2S négatif, ou citrate de Simmons négatif, ou agazogènes. Se reporter au tableau qui donne les caractères permettant de distinguer les deux genres.
II – HABITAT ET POUVOIR PATHOGÈNE :
Les Citrobacter sont des bactéries commensales du tube digestif de l’homme et des animaux à sang chaud. Ils sont trouvés dans l’environnement et dans les eaux. Ils peuvent être isolés occasionnellement d’urines ou de suppurations diverses.
III – CARACTÈRES BACTÉRIOLOGIQUES :
L’espèce type, C.freundii, se développe sur milieu usuel en donnant une odeur nauséabonde. La production d’H2S et l’absence de production d’indole permetttent de faire la distinction avec C. diversus et C. amalonaticus. Le tableau ci-dessous donne les caractères différentiels entre les trois espèces.
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