– Zoonose due au protozoaire flagellé Trypanosoma cruzi, transmise à l’homme par l’intermédiaire de punaises hématophages (réduves) à l’occasion d’excoriations cutanées ou à travers les muqueuses. La transmission est également possible par transfusion de sang contaminé et, chez le foetus, par voie transplacentaire.
– La maladie de Chagas est uniquement rencontrée sur le continent américain, dans la zone située entre le sud du Mexique et le sud de l’Argentine.
Signes cliniques :
– Phase aiguë
• Selon le site d’inoculation, chancre cutané ou oedème violacé unilatéral de la paupière (signe de Romaña) avec adénopathie locale et fièvre à 38ºC (plus élevée chez l’enfant) pendant plusieurs semaines.
• Puis, adénopathies multiples, hépatosplénomégalie, myocardite (douleurs précordiales, insuffisance cardiaque), méningo-encéphalite parfois (convulsions, paralysies). Cette phase peut être asymptomatique ou subclinique.
Le passage de la première phase à la deuxième phase n’est pas systématique.
– Phase chronique
• Séparée de la phase aiguë par une longue période de latence : lésions cardiaques (troubles du rythme et de la conduction, cardiomyopathie, insuffisance cardiaque, douleurs angineuses, accidents thrombo-emboliques) et gastro-intestinales (mégaoesophage et mégacôlon).
• La plupart des malades restent asymptomatiques.
Laboratoire :
– En phase aiguë
• Frottis ou goutte épaisse : recherche du parasite dans le sang ou dans les ganglions.
• Sérodiagnostic : recherche d’anticorps anti-Trypanosoma cruzi.
• Xénodiagnostic : examen des déjections de réduves saines nourries avec le sang du malade.
– En phase chronique
• Sérodiagnostic : recherche d’anticorps anti-Trypanosoma cruzi.
Traitement :
– Phase aiguë
nifurtimox PO (contre-indiqué pendant le premier trimestre de la grossesse, l’allaitement ou en cas d’antécédents psychiatriques ou de convulsions) :
Patient de moins de 40 kg : 10 à 12 mg/kg/jour à diviser en 2 à 3 prises pendant 30 à 60 jours
Patient de plus de 40 kg : 8 mg/kg/jour à diviser en 2 à 3 prises pendant 30 à 60 jours Les effets indésirables du nifurtimox (anorexie, nausées, gastralgies, agitation, troubles du sommeil, convulsions) surviennent dans moins de 20% des cas et ne doivent pas amener à interrompre le traitement. Supprimer toute boisson alcoolisée pendant le traitement.
ou
benznidazole PO (contre-indiqué pendant le premier trimestre de la grossesse et l’allaitement)
Patient de moins de 40 kg : 7,5 mg/kg/jour à diviser en 2 à 3 prises pendant 30 à 60 jours
Patient de plus de 40 kg : 5 mg/kg/jour à diviser en 2 à 3 prises pendant 30 à 60 jours
Les effets indésirables mineurs du benznidazole (nausées, éruption cutanée) surviennent chez environ 50% des patients. Arrêter le traitement en cas de purpura associé à une fièvre, paresthésie, polynévrite périphérique.
– Phase chronique chez l’enfant de moins de 12 ans benznidazole PO
Enfant de moins de 40 kg : 7,5 mg/kg/jour à diviser en 2 à 3 prises pendant 30 à 60 jours
Enfant de plus de 40 kg : 5 mg/kg/jour à diviser en 2 à 3 prises pendant 30 à 60 jours
– Phase chronique chez l’enfant de plus de 12 ans et l’adulte
Ne pas traiter en cas de grossesse, allaitement, insuffisance hépatique ou rénale, ou de pathologie grave associée.
nifurtimox PO : 8 à 10 mg/kg/jour à diviser en 2 à 3 prises pendant 60 à 90 jours
ou
benznidazole PO : 5 mg/kg/jour à diviser en 2 à 3 prises pendant 60 jours
– Traitement symptomatique
Des convulsions, de la douleur et de l’insuffisance cardiaque.
Prévention :
– Amélioration de l’habitat et lutte contre le vecteur : murs crépis et sols dallés en ciment, toits de tôles, pulvérisation d’insecticides.
– Contrôle des transfusions sanguines : dépistage sérologique de T. cruzi chez les donneurs.