Otite externe aiguë :
Inflammation diffuse du conduit auditif externe, d’origine bactérienne ou fongique, favorisée par la macération, un traumatisme du conduit auditif, la présence d’un corps étranger, d’un eczéma, d’un psoriasis.
Signes cliniques :
– Prurit du canal auditif ou otalgie souvent intense et majorée à la traction du pavillon ; sensation d’avoir « l’oreille bouchée » ; écoulement clair ou purulent ou absence d’écoulement
– Otoscopie :
• rougeur et oedème diffus ou eczéma infecté du conduit auditif
• vérifier l’absence de corps étranger
• tympan normal si visible (l’examen est très souvent gêné par l’oedème, la douleur, les sécrétions)
Traitement :
– Ablation du corps étranger si présent.
– Traitement de la douleur : paracétamol et/ou ibuprofène PO (page 29).
– Traitement local (environ 5 à 7 jours) :
Eliminer les débris cutanés et sécrétions à l’aide d’un coton-tige sec ou d’une mèche de coton sec. Appliquer éventuellement du violet de gentiane à 0,5% à l’aide d’un coton tige une fois par jour.
Le lavage/aspiration à la seringue avec du chlorure de sodium à 0,9% n’est à envisager que si le tympan a été clairement visualisé et qu’il est intact (non perforé).
Dans les autres cas, le lavage d’oreille est contre-indiqué.
Otite moyenne aiguë (OMA) :
Inflammation aiguë de l’oreille moyenne, d’origine virale ou bactérienne, très fréquente chez l’enfant de moins de 3 ans, rare chez l’adulte.
Les principaux germes responsables d’otite bactérienne aiguë sont Streptococcus pneumoniae, Haemophilus influenzae, Moraxella catarrhalis et chez le grand enfant, Streptococcus pyogenes.
Signes cliniques :
– Otalgie d’installation rapide (chez le nourrisson : pleurs, irritabilité, insomnie, refus de téter/de s’alimenter) et écoulement (otorrhée) ou fièvre.
– L’association d’autres signes tels que rhinorrhée, toux, diarrhée ou vomissements est fréquente et peut égarer le diagnostic d’où la nécessité d’examiner les tympans.
– Otoscopie : tympan rouge vif (ou jaunâtre s’il est prêt à rompre) et épanchement de pus, extériorisé (otorrhée sur tympan perforé) ou non (tympan bombé et opaque).
L’association de ces signes à une otalgie ou à une fièvre confirme le diagnostic d’OMA.
Remarque :
Les signes suivants ne suffisent pas à porter le diagnostic d’OMA :
• Une rougeur isolée, sans bombement ni perforation du tympan, oriente vers une otite virale dans un contexte d’infection des voies aériennes supérieures ou peut être due aux pleurs et cris de l’enfant ou à une fièvre élevée.
• La présence de bulles ou d’un épanchement liquidien derrière un tympan intact, sans signes/symptômes d’infection aiguë, correspond à une otite moyenne séromuqueuse (OMS).
– Les complications possibles, en particulier chez l’enfant à risque (malnutrition, déficit immunitaire, malformation de l’oreille) sont l’otite moyenne chronique suppurée, et plus rarement, la mastoïdite, l’abcès cérébral et la méningite.
Traitement :
– Dans tous les cas :
• Traiter la fièvre et la douleur : paracétamol PO, page 26.
• Les lavages d’oreille sont contre-indiqués en cas de perforation tympanique ou si le tympan n’a pas été correctement visualisé lors de l’examen. Pas d’indication à l’instillation de gouttes auriculaires.
– Indications de l’antibiothérapie :
• Une antibiothérapie est prescrite d’emblée chez les enfants de moins de 2 ans, les enfants ayant des signes d’infection sévère (vomissements, fièvre > 39°C, otalgie sévère) et les enfants à risque d’évolution défavorable (malnutrition, déficit immunitaire, malformation de l’oreille).
• Pour les autres enfants :
1) Si l’enfant peut être ré-examiné après 48 à 72 heures : il est préférable d’attendre avant de prescrire un antibiotique car l’évolution peut être spontanément favorable et un traitement symptomatique court de la fièvre et de la douleur peut suffire. Un antibiotique est prescrit si le tableau clinique s’aggrave ou ne s’améliore pas après 48 à 72 heures.
2) Si le contexte ne permet pas de revoir l’enfant : une antibiothérapie est prescrite d’emblée.
• Pour les enfants sous antibiothérapie : demander à la mère de revenir si la fièvre ou les douleurs persistent après 48 heures de traitement.
– Choix de l’antibiothérapie :
• L’amoxicilline est le traitement de première intention :
amoxicilline PO : 80 à 100 mg/kg/jour à diviser en 2 ou 3 prises pendant 5 jours
• L’amoxicilline/acide clavulanique est utilisé en 2e intention, en cas d’échec du traitement. Un échec est défini comme la persistance de la fièvre et/ou de la douleur après 48 heures de traitement.
amoxicilline/acide clavulanique PO (la dose est exprimée en amoxicilline) : 45 mg/kg/jour à diviser en 2 ou 3 prises pendant 5 jours
La persistance d’un écoulement isolé, sans fièvre ni douleur, chez un enfant dont l’état clinique s’est par ailleurs amélioré (régression des signes généraux et inflammatoires locaux) ne justifie pas un changement d’antibiothérapie. Nettoyer localement et prudemment le conduit externe à l’aide d’un coton sec jusqu’à la fin de l’écoulement.
• L’azithromycine ou l’érythromycine doivent être réservées aux rares patients allergiques à la pénicilline car les échecs thérapeutiques (résistance aux macrolides) sont fréquents.
azithromycine PO
Enfant de plus de 6 mois : 10 mg/kg/jour en une prise pendant 3 jours
érythromycine PO
30 à 50 mg/kg/jour à diviser en 2 ou 3 prises pendant 10 jours
Otite moyenne chronique suppurée (OMCS) :
Infection bactérienne chronique de l’oreille moyenne associée à une perforation du tympan et à un écoulement purulent persistant.
Les principaux germes responsables sont Pseudomonas aeruginosa, Proteus sp, staphylocoques, autres Gram négatifs et anaérobies.
Signes cliniques :
– Écoulement purulent depuis plus de 2 semaines, souvent associé à une diminution de l’audition voire une surdité, sans douleur ni fièvre
– Otoscopie : perforation du tympan et écoulement purulent
– Complications :
• Penser à une surinfection (OMA) en cas de fièvre avec otalgie, et traiter en conséquence.
• Penser à une mastoïdite en cas d’installation rapide d’une fièvre élevée avec altération de l’état général, otalgie intense et/ou tuméfaction douloureuse derrière l’oreille.
• Penser à un abcès cérébral ou à une méningite en cas de trouble de la conscience, raideur de la nuque, signes neurologiques focaux (p. ex. paralysie faciale).
Traitement :
– Éliminer les sécrétions à l’aide d’un coton-tige sec ou d’une mèche de coton sec puis appliquer ciprofloxacine (gouttes auriculaires) : 2 gouttes 2 fois/jour jusqu’à tarissement de l’écoulement (max. 4 semaines).
– Complications :
• Mastoïdite chronique : il s’agit d’une urgence médicale nécessitant une hospitalisation immédiate, un traitement antibiotique prolongé couvrant les germes responsables d’OMCS (ceftriaxone IM 10 jours + ciprofloxacine PO 14 jours), des soins locaux non traumatiques (nettoyage du conduit) et éventuellement un traitement chirurgical. Si le patient doit être transféré, administrer la première dose d’antibiotique avant le transfert.
• Méningite