– les abeilles : vivent en colonie. Leur dard a la forme d’un harpon et reste dans la peau, muni de sa glande à venin. La libération de phéromones, lors de la piqûre, peut attirer tout un essaim, d’où l’éventualité de centaines ou de milliers de piqûres ;
– les guêpes : piquent comme les abeilles quand elles sont dérangées. Elles ont un dard lisse qui ne reste pas dans la peau. Les piqûres multiples sont beaucoup plus rares (sauf voisinage d’une colonie) ;
– les frelons ont un dard lisse et sont peu agressifs ;
– les bourdons piquent rarement.
CLINIQUE :
Localement : la douleur est plus ou moins vive, suivie d’un érythème (attention à une extension rapide). Deux cas particuliers :
– piqûre de l’oropharynx = danger d’oedème obstructif ;
– piqûre oculaire = danger d’infection et de glaucome.
Les réactions systémiques sont à redouter :
– Le risque vital n’est pas en cause pour une urticaire généralisée, un angioedème cutané , mais ils peuvent être le prélude aux événements plus graves.
– Le risque vital est réel pour :
• un angioedème laryngé ;
• un bronchospasme ;
• un choc anaphylactique +++ qui provoque une intense vasodilatation. Il est souvent annoncé par un malaise, un prurit palmoplantaire, une sensation diffuse de chaleur, des douleurs abdominales, une diarrhée. Il peut être d’apparition rapide ou retardée.
Chacun de ces stades doit susciter une thérapeutique urgente.
– En cas de piqûres multiples, le tableau est grave d’emblée : oedème généralisé, troubles digestifs, choc, convulsions par oedème cérébral, défaillance multiviscérale et CIVD.
TRAITEMENT :
Localement :
– L’insecte étant identifié, s’il s’agit d’une abeille, il faut enlever le dard avec un objet ferme et plat (carton, plastique, bord d’une carte de crédit).
– Le venin est thermolabile (50-60 °C) : maintenir près de la zone de piqûre, sans provoquer de brûlure, pendant 10 minutes, une source de chaleur (cigarette incandescente, sèche-cheveux, dispositif Tetrapik® ).
– L’aspivenin est discutable.
– Si la réaction n’est que locale : appliquer un pansement alcoolisé ; un antalgique, un antihistaminique peuvent être utiles.
Pour les manifestations systémiques :
– Urticaire géante ou oedème généralisé : injection d’un antihistaminique (Polaramine ) IM ou IV ; si extension rapide, adrénaline sous-cutanée (0,10 à 0,25 mg) ; corticoïdes per os ou injectables.
– OEdème de Quincke : aérosol d’adrénaline, suivi d’une inhalation de corticoïdes ; adrénaline sous cutanée ; antihistaminique et corticoïde.
– OEdème laryngé ou bronchospasme : adrénaline en aérosol, sublinguale, sous cutanée ; au besoin bêta-2-mimétique (salbutamol inhalé ou si nécessaire en perfusion), antihistaminique et corticoïde ; oxygène.
– Choc anaphylactique : adrénaline +++ (chez l’adulte, IV : 0,1 mg à répéter au besoin ; à défaut sous-cutanée : 0,25 mg, à répéter 10 à 15 minutes plus tard) ; remplissage vasculaire +++ ; oxygène ; parfois intubation et ventilation sont nécessaires. Antihistaminiques et corticoïdes IV. La surveillance hospitalière est nécessaire.
– Les envenimations massives par piqûres multiples relèvent d’un service de réanimation et peuvent nécessiter hémodialyse, plasmaphérèses.
Le seul traitement préventif, très aléatoire, réside dans des conduites prudentes : ne pas piqueniquer à proximité de guêpes nombreuses, regarder son verre avant de boire… En cas d’attaque par un essaim, couvrir son visage et son thorax, courir rapidement à une distance de 500 mètres, plonger si possible dans un cours d’eau… Pour un sujet à antécédents anaphylactiques liés aux hyménoptères, il est essentiel de disposer à portée de main d’une seringue prête à l’emploi d’adrénaline : Anakit ou Anahelp.
Ultérieurement : tout sujet ayant été victime d’une réaction systémique sévère doit contacter un allergologue pour tests cutanés et RAST (radioallergosorbent test), dosage des IgE spécifiques. La positivité de ces tests peut conduire à une désensibilisation prudente.
AUTRES ENVENIMATIONS :
Il existe d’autres envenimations :
– par morsure de vipère ;
– par les chenilles processionnaires ;
– par les animaux marins.
Envenimation par les animaux marins :
Elle donne lieu à une pathologie généralement bénigne.
Elle peut concerner la population estivale du littoral français. Dans la grande majorité des cas, ce sont les postes de secours des plages qui sont sollicités plutôt que les médecins, sauf incidents sévères très rares.
Le principal danger n’est pas l’envenimation, mais la douleur syncopale possible, qui peut entraîner une noyade.
Tous les animaux suivants ont un venin :
– l’anémone de mer ou actinie : son contact provoque une douleur à type de décharge électrique, puis une brûlure qui peut persister plusieurs heures. Une papule ou une vésicule apparaissent. Il n’y
a pratiquement jamais de signes généraux. Désinfection, corticoïde local, antalgique ;
– les méduses : mêmes effets. Une éruption papuleuse peut épouser la forme d’un tentacule. Les signes généraux sont exceptionnels. Il faut rincer la zone d’impact (avec de l’eau de mer et non de l’eau douce), appliquer du sable, puis, après un moment, gratter doucement pour enlever les cellules urticantes.
Un corticoïde local et un antalgique per os suffisent. La présence de signes généraux implique une hospitalisation de prudence ;
– les poissons :
• les vives : venin thermolabile qui inflige une douleur intense, parfois syncopale. La petite plaie est érythémateuse et oedématiée. Le traitement consiste à approcher de la plaie une source de chaleur (cigarette ou eau chaude > 50 °C) pendant 10 minutes, à appliquer un antiseptique, à rechercher et enlever les débris des épines venimeuses. En cas de blessure faciale ou périnéale, un avis hospitalier peut être nécessaire. Un AINS est utile pour une plaie voisine d’une articulation ;
• les raies blessent par les barbelés d’un dard. Mêmes symptômes et même conduite à tenir que pour les vives. La plaie est parfois plus délabrante ;
• les rascasses ont également un venin thermolabile. Mêmes symptômes et même conduite à tenir.
Il n’y a pas de signes généraux.
Ne jamais inciser, ne jamais garrotter.
Chenilles processionnaires :
Elles ont des poils urticants reliés à des glandes à venin. Leur contact engendre prurit, érythème, voire oedème, ce dernier surtout au niveau des muqueuses et des yeux. Le traitement consiste en un rinçage minutieux (yeux +++) et en l’administration d’un antihistaminique, voire d’un corticoïde en cas d’oedème.
Pour compléter l’inventaire :
Il faut encore citer deux sortes d’animaux.
– Les scorpions d’Europe : ils sont à l’origine de douleurs parfois accompagnées de sueurs, très rarement de signes généraux. Pour la piqûre de scorpions noirs, un traitement antalgique suffit. Pour celle des scorpions jaunes, une hospitalisation est préférable s’il s’agit d’un enfant ou de piqûres multiples.
– Les araignées de France possèdent toutes un venin, mais sont pour la majorité de petite taille, disposant donc de peu de venin. En outre, leurs morsures sont rares (elles sont très peureuses).
Seules quelques espèces de grande taille du sud de la France (la lycose de Narbonne, la malmignatte, la ségestrie florentine…) peuvent provoquer des réactions allergiques, en particulier chez les enfants, très rarement des troubles graves.