Tous les toxiques et polluants entraînent des phénomènes de surutilisation de micronutriments.
Si l’alcool, et en particulier le vin rouge, a certains effets positifs sur la santé, au-delà d’une certaine dose il entraîne des destructions multiples liées à la fois à la toxicité de l’éthanol et de ses dérivés comme l’acétaldéhyde et aux altérations qu’il provoque sur les vitamines B1, B2, B6, B9, la vitamine C, la vitamine E, la vitamine A, le magnésium, le zinc, le sélénium, les acides gras polyinsaturés et le glutathion
Il est bien établi que le tabac provoque une destruction intense de la vitamine C, ce qui a permis de faire admettre que les fumeurs relevaient d’apports recommandés en cette vitamine au moins doubles par rapport aux non-fumeurs.
Mais il est beaucoup moins connu que fumer altère aussi la vitamine E, le carotène, la vitamine B9 et la vitamine B12, et encore moins que le tabagisme passif s’accompagne lui aussi d’une destruction de la vitamine C.
Par ailleurs, il a été montré que cette destruction n’était pas encore compensée par des supplémentations en vitamine C supérieures à 250 mg par jour chez les fumeurs actifs ou égalesà 250 mg par jour chez les fumeurs passifs. La recommandation actuelle d’un apport de 100 à 120 mg de vitamine C chez les fumeurs s’avère donc tout à fait insuffisante.
Enfin le tabagisme interfère avec la minéralisation osseuse.
La pollution aérienne, entraînée par de très nombreux agents comme le dioxyde d’azote, l’ozone, le dioxyde de soufre, des hydrocarbures, des particules de suie, interagissant entre eux et avec des particules en suspension et la lumière, engendre des espèces, souvent radicalaires, à pouvoir toxique élevé.
L’exposition à la pollution aérienne entraîne une déplétion dans un certain nombre de nutriments mobilisés dans les tissus agressés : en particulier les vitamines antioxydantes et les acides aminés soufrés, précurseurs du glutathion.
L’atmosphère où circulent des véhicules motorisés est aussi chargée en plomb, qui interfère avec le zinc.
Le plomb peut provenir d’autres sources diverses : les peintures, la nourriture, l’eau du robinet, les alcools gardés dans des vasques en cristal… comme les autres métaux lourds, cadmium et mercure, qui interfèrent aussi avec le zinc.
Malgré les multiples tentatives de nier le phénomène, le relargage de mercure par les amalgames dentaires ne fait pas de doute.
Des centaines de professions entraînent des expositions intenses aux métaux lourds, comme à d’autres polluants, par exemple les dentistes en ce qui concerne le mercure.
Si la qualité de l’air extérieur peut poser des problèmes – on a enregistré à Paris dans les trois dernières années 67 dépassements des teneurs admissibles en dioxyde d’azote, ozone et dioxyde de soufre -, les études menées ces quinze dernières années sur la qualité de l’air intérieur ont révélé que la pollution était pratiquement toujours plus intense à l’intérieur qu’à l’extérieur.
Or, nous passons plus de 80% de notre temps à l’intérieur: lieu de travail, résidence et moyens de transport.
En dehors de la fumée de cigarette, qui reste la première source d’exposition dans le monde à des particules radioactives, sans compter l’oxyde de carbone, les aldéhydes, le formol, le cadmium … et sans considérer les expositions intenses liées aux professions, de nombreuses sources émettent des polluants sous notre nez, à la maison, dans la voiture ou les moyens de transport en commun, au bureau.
La cuisinière et le chauffage au gaz dégagent du monoxyde d’azote, du dioxyde d’azote, de l’oxyde de carbone, du dioxyde de soufre, en petites quantités, inférieures aux quantités nécessaires pour entraîner une intoxication aiguë.
Les matériaux de construction, les fibres de verre, les mousses d’isolation, les tuiles en vinyle des plafonds, les enduits, les peintures, les papiers peints, les laques, les vernis, les contreplaqués, les bois traités, les moquettes synthétiques, les tissus des rideaux, des canapés, des fauteuils, l’équipement électroménager, etc., relarguent des composés organiques volatils, des solvants, des aldéhydes, du formol et des particules.
Plus les maisons ou leur décoration et ameublement sont neufs, plus ce relargage est intense.
Par ailleurs, l’ensemble des produits d’entretien qui contiennent des solvants, des détergents, des pesticides et en particulier les désodorisants qui contiennent du dichlorobenzène, et les tissus nettoyés à sec qui contiennent du perchloréthylène, ainsi que la pollution venue du fonctionnement des appareils ménagers et de l’extérieur, réactivent la pollution intérieure et recréent, en particulier au niveau des moquettes, des tissus d’ameublement et de la literie, des réservoirs de relargage à plus long terme.
Dans les bureaux, la densité des matériaux synthétiques, les machines, en particulier la photocopieuse émettrice d’ozone et de solvants, la climatisation, créent un milieu plus pollué qu’à la maison, à l’origine du sick building syndromdècxW depuis plusieurs années.
A l’irritation des yeux, du nez et de la gorge, aux maux de tête, s’ajoute une sensation d’inconfort et de léthargie qui réduit les performances d’environ 20 % des employés de bureau aux États-Unis.
Les matériaux des moyens de transport émettent des composés organiques volatils dans leur espace intérieur, de manière particulièrement intense lorsqu’ils sont neufs, et d’autres polluants lors de leur fonctionnement benzène, oxyde de carbone..
Mais certains polluants nous touchent de manière encore plus intime, lorsqu’ils sont relargués, comme le chloroforme par l’eau de la douche que l’on prend, par les laques, les teintures, les vernis, les produits cosmétiques, les parfums que nous mettons sur nos cheveux, nos ongles, notre peau, par les tissus synthétiques que nous portons ou par nos vêtements revenus du nettoyage à sec, par le réservoir de la voiture que nous rechargeons en essence, etc.
L’eau du robinet contient des nitrates, du chlore, du chloroforme, de l’aluminium résiduel des traitements par floculation, et une kyrielle d’autres polluants inorganiques et organiques à petites doses qui peuvent provenir des rejets domestiques, urbains, agricoles, industriels, des infiltrations à partir de la surface, des traitements de l’eau, ou des conduits.
Mais quantitativement, pour qui ne fume pas, ne boit pas des quantités excessives d’alcool et ne pratique pas un métier fortement exposé, l’une des sources les plus importantes de polluants se trouve probablement dans les aliments, qui – au-delà de toutes les substances qu’ils ont pu intégrer lors de la culture ou de l’élevage, du transport, des traitements agro-alimentaires, de l’emballage et de la conservation – subissent au moment de la cuisson des transformations aboutissant à l’ingestion de plusieurs grammes par jour de produits brûlés ou roussis, qui contiennent de puissants mutagènes et carcinogènes.
Tous ces polluants doivent être neutralisés, métabolisés, éliminés, et les dégâts qu’ils ont causés réparés. Cela entraîne une surutilisation de certains micronutriments, en particulier les vitamines antioxydantes. Par ailleurs, certains polluants interfèrent directement avec le métabolisme des micronutriments.
En dehors du tabac, les recommandations en apports quotidiens ne tiennent pas compte de l’augmentation des besoins induite par l’exposition quotidienne à une charge toxique.
Celle-ci n’est pas propre au monde urbain. Le monde rural, avec le maniement de nombreuses machines et de nombreux produits et les mêmes problèmes aux niveaux de l’air dans les maisons, des tissus synthétiques, de l’eau du robinet et des aliments, entraîne des expositions aux polluants comparables et parfois supérieures aux villes.
Comme le souligne Lance Wallace de l’Agence américaine de Protection de l’Environnement: «Vivre en
Plus de 150 000 nouvelles molécules ont été mises en circulation dans notre environnement en moins d’un siècle. On peut considérer aujourd’hui que nous sommes supplémentés quotidiennement à travers l’air que nous respirons, l’eau que nous buvons, les aliments que nous mangeons, et même leurs emballages dont des composants migrent dans l’aliment (phtalates, bisphénol A, par exemple), les vêtements, les cosmétiques, les médicaments, les décorations d’intérieur, les transports, les lieux de travail… par des polluants qui nous coûtent des antioxydants, de la N-acétylcystéine, précurseur de glutathion, et de l’énergie…. Cela seul est une justification de la prise de compléments protecteurs au quotidien et de cures de détoxification dont les fréquences sont à évaluer en fonction de l’intensité de l’exposition.
Auteur Jean-Paul Curtay