Potentiel traitement de l’anorexie mentale

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Selon une étude publiée fin 2012, l’anorexie mentale et l’hyperactivité physique sont liés par un mécanisme moléculaire commun. Cette découverte pourrait permettre de mettre au point un traitement de cette pathologie qui touche surtout les adolescents.

L’anorexie mentale est un terrible trouble du comportement alimentaire qui pousse les personnes qui en souffrent à continuellement lutter contre leur faim. En résulte une logique perte d’appétit mais aussi une importante perte de poids et d’autres problèmes plus sérieux tels qu’une décalcification ou l’absence de règles. Pour l’heure, les mécanismes de ce trouble restent flous bien que ce dernier soit un peu mieux connu aujourd’hui.

Dysmorphophobie de l'anorexie mentale
Dysmorphophobie de l’anorexie mentale

Ainsi, les professionnels ont notamment constaté que les cas d’anorexie étaient souvent accompagnés d’hyperactivité. Toutefois, ils pensaient jusqu’ici que ce comportement était intentionnel : il aurait alors eu pour but de perdre davantage de poids en brûlant des calories. Une hypothèse que vient de démentir une équipe de chercheurs de l’Inserm et du CNRS en découvrant un mécanisme commun qui expliquerait le lien entre les deux comportements.

En effet, en étudiant des souris génétiquement rendues anorexiques, les scientifiques ont observé qu’elles présentaient une anomalie moléculaire au niveau d’une région du cerveau impliquée dans le système de récompense. Cette anomalie correspond à la « surexpression » du récepteur 5-HT4 à la sérotonine, un récepteur cellulaire qui contrôle également l’hyperactivité motrice chez les souris. Autrement dit, l’anomalie entrainerait une surproduction du récepteur qui en captant la sérotonine, conduirait lui-même à une réaction trop importante au niveau neuronale. Or, les taux de sérotonine sont également liés à l’alimentation.

Agir sur le récepteur pour traiter la maladie

« Nous avons identifié pour la première fois à notre connaissance une voie moléculaire commune impliquée dans l’anorexie et l’hyperactivité », explique Valérie Compan qui a dirigé les travaux parus dans la revue Translational Psychiatry. Cette voie moléculaire est également la même qui est empruntée en cas d’addiction, « ce qui tend à confirmer que l’anorexie est une addiction », ajoute Mme Compan.

Ajouté à cela, les chercheurs ont également découvert que ce récepteur 5-HT4 pouvait en devenant inactif, entraîner « une surconsommation d’aliments » comme c’est le cas dans la boulimie. Ainsi, « les perturbations affectant ce récepteur pourraient expliquer les oscillations entre anorexie et boulimie chez certains patients », estime la scientifique citée par l’AFP. Reste donc maintenant à poursuivre les travaux et à essayer de les étendre chez l’humain.

Si les travaux réalisés chez les souris sont confirmés, ceci ouvrirait alors une nouvelle piste pour développer d’éventuels traitements. « Ce récepteur pourrait représenter une cible thérapeutique efficace car en l’inactivant, les patients accepteraient à nouveau de se nourrir et en l’activant, ils pourraient modérer leur consommation d’aliments », estime Valérie Compan.

Source : maxisciences

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