Doses nutritionnelles, doses correctrices, doses pharmacologiques :
Les doses nutritionnelles sont destinées à éviter les déficits, à répondre aux besoins circonstanciels (ex croissance, grossesse, sport, stress, etc…), à assurer la maintenance de l’organisme et donc la prévention des pathologies aigues et à long terme. Il s’agit donc d’apports quotidiens, modulables en fonction des besoins.
Les doses correctrices sont destinées à corriger un passif accumulé. Il s’agit donc d’une cure à durée dépendante du type de déficit. Ex Tyrosine quelques jours, Magnésium autour d’un mois, Zinc de 3 à 6 mois, modification de la masse grasse 18 mois, remontée d’une ostéopénie plusieurs années. Elles sont plus élevées que les doses nutritionnelles.
Les doses pharmacologiques, en général plus élevées que les doses correctrices, ne sont pas données en fonction d’un déficit, mais pour obtenir un effet médicamenteux.
Ex les indications du magnésium comme tocolytique, antiarythmique, anticonvulsivant, dans la crise d’asthme, l’infarctus du myocarde, l’AVC, le sevrage alcoolique, etc…. Les indications des oméga trois contre les hypertriglycéridémies, les infections virales ou pour sensibiliser les cellules cancéreuses à une chimio ou radiothérapie.
Compatibilité aliments et nutriments : liposolubilité. fibres, etc.
Les vitamines A, D, E, K sont liposolubles, mais aussi les caroténoïdes et le coenzyme Q10.
Les caroténoïdes sont liés aux fibres. Le carotène de la carotte crue (comme le lycopène de la tomate entière) est absorbé à 5%. Broyées en jus ou cuite, l’absorption passe à 30%. Si l’on ajoute des graisses à 70%.
Les phytates (pain complet, son) freinent l’absorption du zinc, la cuisson au levain évite cette inhibition. L’absorption des polyphénols est freinée par les protéines du lait (thé, chocolat), mais augmentée par l’alcool (vin rouge).
Les règles de composition des compléments alimentaires
- Ni fer, ni cuivre, ni manganèse, ni vanadium
- Le fluor ne doit jamais être donné par os, mais en topique
- La vitamine A doit être remplacée par du bêta-carotène
- Pour les personnes âgées et dans les complexes antioxydants plus dosés doivent figurer au moins les trois caroténoïdes principaux : bêta-carotène, lycopène. lutéine (avec la vitamine C, le sélénium et la vitamine E naturelle)
- La vitamine E doit être naturelle (D-RRR-alpha-tocophérol)
La prise de doses importantes d’acides gras polyinsaturés (en particulier oméga trois) doit être associée (sauf contre-indications comme les chimio/radiothérapies) à des antioxydants pour les protéger
- Les minéraux compatibles doivent être biodisponibles (glycérophosphate de magnésium, citrate de zinc…)
- Les doses nutritionnelles doivent tenir compte des apports alimentaires, des catégories de population, des besoins augmentés
- Les doses pharmacologiques doivent être validées par des études de pharmacocinétique (ex sulforaphane à au moins 35 mg) de même que le nombre de prises et leur fréquence. Ex : nécessité de maintenir le magnésium plasmatique stable implique trois prises par jour, en cas d’infection virale, 125 mg de vitamine C toutes les 2h ou toutes les heures
- Pour certains nutriments, il existe des données de chrono-biologie, ex : tyrosine le matin au moins 20 min avant le petit déjeuner pour augmenter la synthèse des catécholamines, calcium et vitamine D le soir pour mieux freiner la PTH
Contre-indications, effets secondaires et suivi :
Contre-indications :
- Les antioxydants à dose pharmacologique ne peuvent pas être donnés pendant une chimio ou une radiothérapie (en particulier NAC et vitamine C)
- Les oméga trois en compléments ne doivent pas être données en cas de risque hémorragique, car ils augmentent le temps de saignement :
- en fin de grossesse
- en péri-opératoire
- en cas d’AVC hémorragique
- en cas d’hémorragie rétinienne
- et doivent être pris avec précaution
- chez les hémophiles, autres porteurs de troubles de la coagulation, chez les personnes qui ont des saignements abondants (ex ménorragies, saignements de nez, RCH…), chez les personnes sous anticoagulants
- Les mêmes restrictions s’imposent aux doses pharmacologiques de vitamine E qui peuvent inhiber l’adhésion plaquettaire (aussi au curcuma, à certaines formes de cannelle, à l’ail)
- La vitamine K ne peut pas être donnée à quelqu’un sous AVK (un médicament dont on devrait négocier le changement, car la vitamine K est vitale)
- Il existe de rares réactions anaphylactiques à la vitamine B12
- Le fer ne peut pas être donné chez une personne ayant une infection, un cancer ou une pathologie inflammatoire
- La tyrosine ne peut pas être donnée en cas de grossesse, de psychose, d’hyperthyroïdie, de phéochromocytome et doit être l’objet de précautions d’emploi en cas d’arythmie cardiaque
(Liste non exhaustive)
Effets secondaires :
- La vitamine C en excès est laxative
- Elle peut réduire le sommeil en début de réplétion. Eviter de la donner le soir la première semaine.
- La tyrosine peut rendre nerveux, irritable, agressif, insomniaque, donner des acidités de l’estomac… la mesure la plus simple est de s’accorder une semaine de réplétion magnésienne pour éviter ces effets secondaires
- Le carotène peut donner une coloration orange aux téguments (en général à plus de 30 mg/jour, mais susceptibilité individuelle)
- Il existe de rares cas de polynévrite après administration chronique de vitamine B6 à des doses d’environ 500 mg/jour, pratiquement tous réversibles après l’arrêt du traitement ; il est prudent de ne pas administrer plus de 100 mg /jour (et il n’y a aucune raison de le faire plus d’un mois dans le cadre d’une cure correctrice qui devrait associer les autres vitamines B et du magnésium)
- L’administration associée de magnésium et des autres vitamines B semble réduire aussi ce risque
L’acide nicotinique peut donner des bouffées de chaleur, des rougeurs, de l’hypotension….
(Liste non exhaustive)
Suivi :
Toute prescription en nutrithérapie doit être l’objet de protocoles de suivi, à la fois pour se rendre compte de l’adhérence au traitement, de ses effets positifs et négatifs éventuels, et ajuster les posologies en fonction de l’évolution, ainsi que les nutriments et mesures synergiques. Les quantités prescrites doivent être adfaptées à l’intensité des problèmes. En cas d’insuffisance de résultat, il existe des mesures graduellement plus intenses ou complètes pour tenter de dépasser les limites des traitements de première intention.
Auteur Jean-Paul Curtay