La prévalence globale pour les troubles dépressifs est estimée à environ de 10 % de la population générale avec une incidence annuelle de 3 % chez l’homme et près de 6 % chez la femme. Le pic de prévalence se situe entre 25 et 45 ans.
CLINIQUE :
Le diagnostic de dépression est clinique.
Syndrome dépressif :
SYMPTÔMES FONDAMENTAUX :
– Sphère affective : l’humeur est différente de l’humeur habituelle, avec une appréciation péjorative de soi et du monde , un pessimisme et un sentiment de culpabilité , un désintérêt pour toutes les activités habituellement agréables, une sorte d’anesthésie affective qui empêche le sujet de ressentir les affects de plaisir. L’intensité peut aller d’une simple tristesse à une douleur morale majeure. Ce malaise peut-être associé à une idéation suicidaire (fondamentale à rechercher ), qui traduit la gravité du tableau.
– Sphère psychomotrice : le ralentissement . Il peut être perceptible dans l’observation du sujet, dans la manière qu’il a de se déplacer, dans sa mimique. Les fonctions cognitives sont touchées , le débit verbal est diminué , la pensée est ralentie. On peut avoir des troubles de la mémoire et de l’attention faisant évoquer chez la personne âgée une démence.
– Sphère somatique :
• l’asthénie parfois au premier plan des plaintes. De prédominance matinale, n’est pas améliorée par le repos, tous les actes de la vie quotidienne nécessitent un effort démesuré. Cela peut entraîner un retentissement social et professionnel ,
• l’appétit : l’anorexie est classique avec un amaigrissement qui peut être important. Dans certains cas, une boulimie est associée à une hypersomnie et aux troubles de l’humeur,
• le sommeil : difficultés d’endormissement , mais surtout réveils nocturnes , insomnie matinale (2 -3 heures du matin) avec ruminations empêchant l’endormissement dans les dépressions sévères,
• les troubles de la libido : baisse du désir sexuel, voire frigidité ou impuissance,
• divers désordres neurovégétatifs : constipation, hypotension, douleurs diverses.
Associées à ce syndrome dépressif, il existe fréquemment des manifestations d’anxiété ou d’angoisse symptomatiques de la dépression , qu’il faut différencier des troubles anxieux purs, dont le traitement est sensiblement différent.
FORMES CLINIQUES :
– Dépression stuporeuse : ralentissement majeur, à différencier de la confusion.
– Dépression anxieuse ou agitée : l’angoisse est au paroxysme de son intensité, les signes dépressifs sont au second plan, le risque de raptus suicidaire ou de fugue est important.
– Dépression délirante : les idées sont congruentes à l’humeur avec sentiments de fautes imaginaires, de culpabilité délirante. Parfois le délire est indépendant de l’humeur et le tableau se rapproche de celui de la bouffée délirante.
– Dépression masquée : les troubles somatiques occupent le devant de la scène.
Aspect évolutif du diagnostic :
FORMES PRIMAIRES :
Psychoses maniacodépressives (PMD) :
Deux types selon l’existence ou non d’épisodes maniaques :
– Dépression unipolaire : récurrence plus ou moins rapprochée d’épisodes dépressifs majeurs ou mélancoliques. Il existe un facteur génétique : dans les études familiales le risque est de 10 %, alors qu’il est de 0,5 à 1 % dans la population générale.
– Dépression bipolaire : des épisodes maniaques s’intercalent entre les épisodes dépressifs. L’aspect héréditaire est plus important (risque de morbidité est évalué à 20 %).
Dysthymies :
Elles évoluent de manière chronique supérieure à 2 ans, mais avec des symptômes dépressifs de faible intensité, catégorie nosographique proche de ce qu’on appelé les tempéraments dépressifs ou les dépressions névrotiques.
FORMES SECONDAIRES À UNE PATHOLOGIE SOMATIQUE :
– Endocrinienne : hyper- ou hypothyroïdie, maladie d’Addison, syndrome de Cushing, diabète.
– Maladies générales : tuberculose, néoplasies, hémopathies. L’épisode dépressif peut révéler la maladie. Ceci est important et souligne l’intérêt de rechercher une organicité dans les dépressions, notamment quand elles sont résistantes au traitement spécifique.
– Dépressions secondaires iatrogènes : de nombreuses molécules sont incriminées : antihypertenseurs, neuroleptiques, anorexigènes, interféron, etc.
– Dépressions secondaires à des troubles psychiques, troubles anxieux, schizophrénie, mais aussi toxicomanie ou alcoolisme.
TRAITEMENT :
Où traiter ?
Si la dépression est de faible intensité, si le malade bénéficie d’un entourage capable de l’assumer, le traitement peut se faire en ambulatoire.
S’il existe des signes de gravité (idées suicidaires), des signes d’angoisse qui peuvent favoriser le raptus, une intensité majeure, une absence de soutien familial ou social, l’hospitalisation est souhaitable, éventuellement par l’internement sous la forme de l’hospitalisation à la demande d’un ters (HDT) ou hospitalisation d’office (HO).
Comment traiter ?
ANTIDÉPRESSEURS :
Il existe plusieurs familles : IMAO, tricycliques, inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (IRS), inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (INRS), noraderénergiques et sérotoninergiques spécifiques (NASSA). Leur efficacité est comparable. Le choix se fera donc en fonction du respect des contre-indications, de la tolérance des produits et des habitudes du praticien.
Le délai d’action est de 2 à 3 semaines. La surveillance en début de traitement est importante en raison de ce qu’on appelle la levée d’inhibition, c’est-à-dire le moment où le médicament commence à agir sur le ralentissement mais pas encore sur le noyau dépressif et où il y a un risque de passage à l’acte suicidaire.
La durée du traitement admise pour un premier accès est de 6 mois minimum, 75 % des malades rechutent dans l’année qui suit un arrêt prématuré.
TRAITEMENT ADJUVANT :
– Neuroleptiques : quand symptomatologie psychotique délirante ou hallucinatoire.
– Benzodiazépines et hypnotiques : ils ne doivent pas être utilisés de manière systématique, mais il est parfois nécessaire de les employer pour leurs effets sédatifs et anxiolytiques, quand l’antidépresseur en début de traitement est insuffisant sur les troubles anxieux et du sommeil.
ÉLECTROCONVULSIVOTHÉRAPIE (SISMOTHÉRAPIE) :
Quand les antidépresseurs sont inefficaces. Ce traitement s’adresse aux dépressions sévères et réfractaires, exceptionnellement en première intention sauf dans les cas de contre-indications absolues au traitement médicamenteux.
PSYCHOTHÉRAPIES :
Elles peuvent être proposées en association.